Comptabilité carbone : pourquoi (et comment) faire quand on est une petite entreprise ? 

L’urgence climatique ne fait plus débat. Et les entreprises, petites ou grandes, sont appelées à agir.

Pour beaucoup, la première étape concrète est la mise en place d’une comptabilité carbone : c’est-à-dire la quantification rigoureuse de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). De plus en plus de TPE et PME belges s’y mettent. Pas par obligation (pas encore), mais parce qu’elles y trouvent un vrai intérêt. On vous explique simplement pourquoi, et comment. 

Est-il obligatoire de faire un bilan carbone pour les entreprises belges ? 

Il n’est pas encore obligatoire pour toutes les entreprises en Belgique de calculer leur empreinte carbone. Mais les choses évoluent vite : 

• Les entreprises qui consomment beaucoup d’énergie ou soumises au système européen ETS doivent déjà déclarer leurs émissions. 

• La directive européenne CSRD impose progressivement aux grandes entreprises de publier leur reporting climat… et celles-ci demanderont des comptes à leurs fournisseurs. 

• Les marchés publics, subventions, labels incluent de plus en plus de critères liés aux enjeux environnementaux. 

En clair : mesurer son empreinte carbone n’est pas (encore) une obligation pour toutes, mais c’est déjà une attente forte du marché. 

Les bénéfices de calculer son empreinte carbone pour une PME 

Une démarche de comptabilité carbone, c’est un levier stratégique, un marqueur de crédibilité, et un signal fort envoyé à vos clients et à vos équipes. 

Comprendre vos émissions et votre impact environnemental 

Calculer votre bilan de gaz à effet de serre permet d’identifier les principales sources d’émissions de votre organisation (transport, achats, numérique…). Vous obtenez ainsi une vision claire de votre empreinte environnementale et de vos impacts. 

Réduire vos coûts et optimiser vos ressources 

Moins d’émissions signifie souvent moins de gaspillage. Le calcul de vos rejets met en lumière des pistes d’optimisation concrètes : déplacements inutiles, surconsommation d’énergie, fournisseurs éloignés. Vous pouvez ainsi améliorer votre performance économique tout en réduisant votre impact climatique. 

Définir un plan d’actions efficace 

La comptabilité carbone n’est pas un simple diagnostic. Elle sert de base à un plan d’actions réaliste, avec des priorités claires pour réduire vos émissions de gaz à effet de serre là où l’impact est le plus fort. 

Renforcer votre crédibilité 

Les clients, partenaires et donneurs d’ordre veulent des informations fiables. Pouvoir présenter une quantification rigoureuse (même partielle) de ses données carbones, c’est une preuve de sérieux et d’engagement. 

Mobiliser vos équipes 

Un projet de comptabilité carbone peut devenir un outil fédérateur. Vos collaborateurs comprennent mieux l’impact de leur travail et s’impliquent dans des démarches concrètes, ce qui renforce l’adhésion et la cohésion interne. 

Comment réaliser un bilan carbone étape par étape ? 

Il n’est pas nécessaire de dépenser des milles et des cents dans un outil bilan carbone. Ce qui compte, c’est d’avoir une méthode claire, des données cohérentes, et des objectifs sincères. 

Voici les étapes clés : 

Définir le périmètre 

La première étape consiste à définir le périmètre de votre bilan carbone. Il s’agit de préciser qui est concerné (l’ensemble de l’entreprise, un site, une activité spécifique) et quelles émissions seront prises en compte. 

Ces émissions sont regroupées en trois catégories appelées scopes : 

• Scope 1 : les émissions directes, produites par vos propres installations ou équipements (par exemple carburants, gaz). 

• Scope 2 : les émissions indirectes liées à l’énergie achetée, comme l’électricité ou la chaleur. 

• Scope 3 : toutes les autres émissions indirectes, qui couvrent notamment les achats, le transport, les déplacements, le numérique ou les déchets. 

Dans la plupart des organisations belges, le scope 3 représente plus de 70 % des émissions totales. L’ignorer reviendrait donc à passer à côté de l’essentiel. 

Collecter les données 

Une fois le périmètre défini, il faut rassembler les informations nécessaires au calcul du bilan carbone. Celles-ci proviennent de sources variées : factures d’énergie, kilomètres parcourus, montants d’achats, ou encore informations liées aux déplacements et aux repas servis. 

La qualité des données d’activités a un impact direct sur la fiabilité du résultat. Mais il vaut mieux disposer d’un premier diagnostic imparfait que de rester sans aucune vision de ses émissions. L’important est de commencer, puis d’affiner progressivement la collecte au fil du temps. 

Appliquer les facteurs d’émission 

Une fois les informations collectées, on les converties en tonnes de CO₂ équivalent. Pour cela, on utilise des facteurs d’émission, c’est-à-dire des coefficients qui traduisent l’impact climatique d’une activité donnée. 

Ces facteurs proviennent de bases de référence reconnues, comme la Base Empreinte® de l’ADEME, afin de garantir la fiabilité et la comparabilité des résultats. 

Analyser les résultats 

Le résultat d’un calcul d’empreinte carbone, ce n’est pas un jugement ni un label.
C’est une cartographie de vos émissions qui met en évidence les postes les plus émetteurs et les priorités d’action. Cette analyse constitue le point de départ d’une stratégie climat crédible, adaptée à la réalité de votre organisation. 

Mettre en place un plan d’action 

Une fois les résultats connus, vient l’étape du des actions. Celles-ci peuvent inclure la réduction des déplacements, des achats plus responsables, l’amélioration de l’efficacité énergétique ou le développement de nouveaux partenariats. 

Le choix des actions dépend de votre activité, de vos moyens et de vos objectifs. Ce qui compte, c’est de définir des actions mesurables, inscrites dans un calendrier réaliste, et de mettre en place un suivi dans la durée. 

En somme, la comptabilité carbone fonctionne comme des comptes financiers : ce n’est pas une fin en soi, mais un outil de pilotage essentiel pour orienter vos décisions et progresser dans le temps. 

Mettre à jour et communiquer de manière responsable 

La mise à jour régulière de votre comptabilité carbone est essentielle pour en faire un véritable outil de pilotage. La fréquence dépend de votre maturité : environ tous les trois ans pour une petite entreprise qui débute, et chaque année, voire chaque mois, pour une organisation déjà avancée.  

Mettre à jour votre empreinte carbone permet de : 

• Suivre l’évolution de vos émissions dans le temps 

• Évaluer l’efficacité de votre plan d’action 

• Détecter de nouveaux leviers d’amélioration 

• Ancrer la démarche dans la durée, en l’intégrant à vos cycles de pilotage ou à votre stratégie. 

Votre comptabilité carbone peut ensuite être valorisée dans vos appels d’offres, démarches de labellisation ou rapports d’impact. Mais pour rester crédible et éviter le greenwashing, quelques principes doivent être respectés : 

• Précision : évitez les formules vagues du type «neutre en carbone ». Préférez des données concrètes comme: « Nos émissions de GES ont diminué de 23 % entre 2021 et 2024, principalement grâce à la réduction de nos déplacements professionnels. » 

• Transparence : préciser le périmètre couvert, les scopes pris en compte, les hypothèses utilisées et les limites connues. 

• Continuité : communiquer régulièrement sur vos avancées et vos mises à jour. Une communication climat efficace n’est pas un “one shot”, mais un fil conducteur dans le temps. 

Conclusion 

Faire sa comptabilité carbone, ce n’est pas une formalité. C’est un acte de responsabilité, de cohérence, et d’anticipation. 

Ce n’est pas réservé aux grandes entreprises. C’est à la portée de toutes, dès lors qu’on adopte une méthode adaptée à sa taille. Vous n’êtes pas trop petit pour agir. Vous êtes juste à la bonne échelle pour démarrer, apprendre, et progresser année après année. 

Que vous soyez au tout début ou déjà engagé, BetterBusiness vous accompagne dans la mise en place d’une comptabilité carbone adaptée à vos enjeux, vos ressources et votre réalité terrain.